28 septembre 2021
UN ENGAGEMENT À DÉCOLONISER
(english will follow)
Joyce Echaquan était âgée de 37 ans, mère de sept enfants, membre de la communauté Atikamekw de la communauté Manawan dans Lanaudière, qui s'est filmée au Centre hospitalier régional de Lanaudière à Joliette, se faisant railler par l'hôpital avec des insultes raciales, juste avant sa mort. Joyce Echequan a été victime de racisme systémique. Ce soir, la Coalition United for Joyce et le Collectif Caring for Social Justice invitent tout le monde à une veillée à Montréal pour commémorer cet anniversaire à la Place Émilie-Gamelin « pour l'honorer et soutenir le Principe de Joyce ». Les personnes qui participent sont invitées à porter du violet et à apporter une pancarte ou une bougie, témoignant de « la solidarité avec Joyce, sa famille, la communauté de Manawan et tous les peuples autochtones contre le colonialisme médical, y compris le racisme systémique ». Pour plus d’information sur l'événement, cliquez sur le lien suivant : https://www.facebook.com/events/890172628275914.
Le jeudi 30 septembre marque la première Journée nationale pour la vérité et la réconciliation qui a été déclarée jour férié fédéral par le gouvernement du Canada en juin de cette année. Depuis 2013, le 30 septembre a été marqué comme la Journée du chandail orange, une journée de commémoration dirigée par les Autochtones pour honorer les enfants qui ont survécu aux pensionnats et se souvenir de ceux qui n'ont pas pu survivre. Malgré toute la publicité des travaux autour de la Commission de vérité et réconciliation et les 94 appels à l'action issus de ce travail, l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones assassinées et disparues et la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec, la découverte de tombes anonymes d'enfants autochtones cet été, sur les terrains d'anciens pensionnats dans de nombreuses régions du Canada, a été une découverte choquante pour de nombreux non-Autochtones. Les peuples autochtones l’ont toujours su; que les enfants ont été enlevés à leurs familles et communautés et que beaucoup ne sont jamais revenus. Pourtant, cet été, pour beaucoup de personnes au Québec et au Canada, les tombes ont été une découverte choquante, ce qui démontre l'efficacité des récits coloniaux dans l'effacement des peuples autochtones et les politiques violentes et génocidaires auxquelles ils ont été soumis par les politiques coloniales et le racisme systémique. Ce ne sont pas seulement des pratiques historiques, elles sont toujours en cours.
Pour La Journée du chandail orange, des événements sont prévus dans de nombreux endroits. À Montréal, il y aura un rassemblement à 13h à la Place du Canada.
Ce sont des jours lourds pour les peuples autochtones et, pour toutes les personnes non-autochtones qui vivent sur ces terres autochtones, c'est un temps de réflexion sur notre responsabilité à contribuer à la décolonisation, à mettre fin au racisme systémique et un rappel que si on choisi le silence, on choisit en fait de renforcer l'oppression.
En 2004, nous, la Fédération des femmes du Québec, avons signé un protocole avec Femmes autochtones du Québec qui « signale un engagement à agir de manière solidaire pour transformer les relations coloniales qui marquent l'histoire entre les Québécois et les peuples autochtones. En 2015, nous avons adopté une proposition poursuivant notre engagement à entretenir notre alliance avec les femmes autochtones du Québec « pour éliminer les attitudes, les pratiques et les positions racistes et coloniales ».
Un désir de réparation discutable
L'histoire passée et présente du Canada et du Québec témoigne d'un système colonial qui perdure. En effet, autant dans les institutions qui ont légitimé et qui pratiquent encore le retrait d'enfants autochtones à leur famille, par moyen de termes utilisés par les médias pour parler du génocide sans le nommer, que dans l'accès aux ressources qui n'est pas garanti pour les populations autochtones, cette violence se reproduit encore aujourd'hui. Nous nous demandons où sont les actions concrètes pour mettre en œuvre la volonté de réparation des gouvernements. Des appels à l'action et des recommandations ont été lancés, notamment par le biais de la Commission vérité et réconciliation en 2007 ou lors de l'Enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées en 2013. Nous les attendons toujours.
Non-reconnaissance de la violence systémique
L'Enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées a mis en lumière de nombreuses formes de discrimination et de violence subies par ces femmes, que ce soit en termes de logement précaire, d'accès à l'éducation, à l'emploi ou encore d'accès aux soins de santé. Les preuves sont là, les recommandations aussi, mais que faire d'un gouvernement québécois qui refuse toujours de reconnaître le racisme systémique?
Aujourd'hui, les peuples autochtones, en particulier les femmes et les filles, continuent de vivre quotidiennement sous le poids d'une violence systémique qui perdure depuis des siècles. Il est impératif que le gouvernement du Canada agisse pour garantir le respect des droits des peuples autochtones et mettre fin à l'impunité de ce génocide. Comme Michèle Audet l'a expliqué dans un entretien radio avec Benoit Dutrisac en juin 2021, "Les excuses et l'argent ne suffisent pas", il faut des actions concrètes qui permettent la réconciliation et une vraie dignité pour toute la population.
Avant de demander pardon, la réparation consiste à reconnaître ses torts, ce qui nécessite la mise en place d'un processus actif de décolonisation. Cela nécessite aussi la reconnaissance de la violence systémique et une réelle volonté de changer les structures oppressives qui sont en place depuis des décennies et qui profitent à la population. Cela signifie, en tant qu'organisation et en tant qu'individu, de créer des espaces sécuritaires pour les femmes autochtones qui permettent de rebâtir la confiance et de prendre ses responsabilités en écoutant, en dénonçant et en luttant activement contre les violences subies par les peuples autochtones. Cela peut être réalisé par exemple en nommant ces oppressions, en respectant les paroles des femmes autochtones et en les croyant, ainsi qu’en reconnaissant ses propres biais cognitifs pour contribuer à lutter contre les stéréotypes. Comme le disait Elisapie Isaac lors de la marche du 1er juillet dernier: « Tous les Québécois doivent prendre ce miroir qui est toujours avec nous, les Autochtones. Il est important que le miroir se tourne vers eux, vers vous". Une des initiatives concrètes dans ce sens est la série produite par Télé Québec Décoloniser l'histoire qui “présente dix chapitres méconnus de l'histoire québécoise et canadienne du point de vue des personnes autochtones et racisées.”
Le miroir est aussi sur nous les féministes. Il est grand temps de mettre en pratique nos principes de solidarité et d'unir nos voix à celles de nos sœurs autochtones pour exiger justice et réparation. Les expertises et la sagesse des peuples autochtones en relation avec le respect de la terre et de tous les êtres vivants sont demandés plus que jamais dans le cadre de la crise écologique que vit toute notre planète actuellement. [1]
Today, 28th September is the first anniversary of the death of Joyce Echaquan. Joyce Echaquan was 37 years old-year-old, mother of seven children, a member of the Atikamekw community from the Manawan community in the Lanaudière, who filmed herself in the Centre hospitalier regional de Lanaudièere in Joliette, being taunted with racial slurs by hospital staff, just before she died. Joyce Echequan was a victim of systemic racism. This evening the United for Joyce Coalition and the Caring for Social Justice Collective invite everyone to a vigil in Montreal commemorating this anniversary at Place Émilie-Gamelin “to honour her and stand in support of Joyce's Principle. Attendees are invited to wear purple and bring a sign or a candle, extending “solidarity with Joyce, her family, the Manawan community and all Indigenous people against medical colonialism, including systemic racism.” For more information on the event : https://www.facebook.com/events/890172628275914.
Thursday 30th September marks the first National Day for Truth and Reconciliation which was declared a federal statutory holiday by the Government of Canada in June this year. Since 2013, 30th September has been marked as Orange Shirt Day, an Indigenous-led grassroots commemoration day to honour the children who survived the Indian Residential Schools and remember the children who did not. Despite all the work publicity around the Truth and Reconciliation Commission and the 94 Calls to Action coming out of this work, the National Inquiry into Missing and Murdered Indigenous Women and Girls and the Viens Commission on Relations Between Indigenous Peoples and Certain Public Services in Quebec, the uncovering of unmarked graves of Indigenous children this summer, on the grounds of former residential schools in many parts of Canada came as a shocking discovery to many non-Indigenous people. Indigenous people had always known this; that the children were taken from their families and communities and that many never returned. But this summer, for many in Quebec and Canada the graves came as a shocking discovery, demonstrating the effectiveness of colonial narratives in the erasure of Indigenous peoples and the violent and genocidal policies they have been subjected to by colonial policies and systemic racism. And these are not just historic practices, they are ongoing.
On Orange Shirt day there are events planned in many places. In Montreal there will be a gathering at 1pm at Place du Canada.
These are heavy days for Indigenous peoples and for those of us, non-Indigenous who live on these Indigenous lands, it is a time for reflection about our responsibility to contribute to decolonization and ending systemic racism et un rappel que si on choisi le silence, on choisit en fait de renforcer l'oppression.
In 2004, we in the Quebec Women’s Federation signed a Solidarity Protocol Quebec Native Women that “signals a commitment to act in solidarity to transform the colonial relations that mark the history between Quebecers and Indigenous peoples. And in 2015 we adopted a proposal continuing our commitment to nurture our alliance with Indigenous women in Quebec “to eliminate racist and colonial attitudes, practices and positions”.
A questionable desire for reparation
The past and present history of Canada and Quebec bears witness to an enduring colonial system. Indeed, as much in the institutions which legitimized and still practice the taking of Indigenous children from their families, in the words used by the media to speak about the genocide without naming it, as in the access to resources which ares not guaranteed for Indigenous populations, this violence is being reproduced today. We wonder where the concrete actions are to implement the governments' desire for reparation. Calls for action and recommendations have been made, in particular through the Truth and Reconciliation Commission in 2007 or during the National Inquiry into Missing and Murdered Indigenous Women in 2013. We are still waiting for them.
Non-recognition of systemic violence
The National Inquiry into Missing and Murdered Indigenous Women highlighted many forms of discrimination and violence experienced by Indigenous women, whether in terms of precarious housing, access to education, employment or even access to health care. The evidence is there, the recommendations are too, but what to do with a Quebec government that still refuses to recognize systemic racism?
Today, Indigenous people, especially women and girls, continue to live daily under the weight of systemic violence that has endured for centuries. It is imperative that the Government of Canada act to guarantee respect for the rights of indigenous people and end the impunity of this genocide. As Michèle Audette explained in a radio interview with Benoit Dutrisac in June 2021, "Apologies and money are not enough", we need concrete actions that allow reconciliation and real dignity for all.
Before asking for forgiveness, reparation involves acknowledging one's wrongs, which requires the establishment of an active process of decolonization. It also requires the recognition of systemic violence and a real will to change the oppressive structures which have been in place for decades and which benefit the population. This means, as an organization and as an individual, to take responsibility by listening, by denouncing, but above all by actively fighting against the violence experienced by indigenous people. As Elisapie Isaac said during the July 1 march, “All Quebecers need to take this mirror, which is always with us, the Aboriginals. It is important that the mirror turns towards them, towards you ".
The mirror is also on us feminists. It is high time to put our principles of solidarity into practice and to join our voices with those of our indigenous sisters to demand justice and reparation.